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Préface d’une nouvelle quinquagénaire (qui a beaucoup trop écrit ce soir)

  • Photo du rédacteur: Lucie Carignan
    Lucie Carignan
  • 23 oct.
  • 10 min de lecture

Marche à suivre :  lire, oui, si ça vous dit, mais aussi, aller voir la galerie de photos :-)

 

Par quoi commencer…. Déjà  2 semaines que nous sommes à découvrir le pays du Soleil levant.  Deux semaines où il a fallu d’abord, personnellement, que je me remette, peu à peu, oui, du décalage, mais aussi, et surtout, de la tourmente précédant le départ…

 

Avant le départ….

Terminer de se préparer pour quitter Montréal fut tout un défi, avec des rénovations imprévues, la préparation de la maison afin que nos amis locataires soient bien confortables, le temps nécessaire pour saluer et aimer nos amis et familles (et Dieu sait qu’il en a manqué du temps, snif).  Aussi, et ceux qui me connaissent savent bien que ce fut tout un dossier, celui de s’assurer que nos garçons chats soient aimés et pris en charge par des humains formidables.  En parallèle à tout cela, la douceur et la joie profonde de savoir mes petits patients entre bonnes et excellentes mains auprès de mes collègues formidables fut un baume absolument indéniable et inestimable.  Merci mes douces amies, je vous aime.  Ce fut aussi vraiment agréable de préparer et organiser au mieux la gestion de l’école en voyage, du piano en voyage, et bien sûr du judo de Delphine.  Dossier plus ‘’caca’’, la suite de nos histoires de justice pour notre maison, qui a commencé à bouger cet été, après 4 ans de stagnation, juste au moment où le voyage et son organisation se faisaient sentir.  On sera en zoom sous peu d’ailleurs, pour la suite, le soir de l’Halloween.  Et on met encore des heures de préparation là-dessus, même en voyage.  Dont toute la journée encore aujourd’hui, alors que Delphine a tenté de faire des trucs d’école par elle-même.  Merci Delphine…  Il va être bon le sake quand on terminera l’envoi de toutes ces informations (36 engagements au total);)  Bref.  On a quitté ultra fatigués, de justesse, préparés, certes, mais vraiment chargés de toute cette montagne du ‘’to do’’ sur la liste.  Et aussi dans l’acceptation des multiples ‘’tant pis’’, ma psychologue serait fière de moi haha !

 

Notre arrivée à Tokyo…

 

Joie, joie, joie.  On a pu se reposer, je me même suis dit que Mathieu avait vraiment trouvé un petit hôtel et un quartier calmes.  Au petit matin, on marche dans ce quartier connu pour ses librairies de livres anciens, tout est paisible encore, le silence règne.  Je me dis que c’est possiblement la norme le matin…. On dérange littéralement les habitudes quand on parle entre nous.  Aucun déchet au sol, vraiment aucun.  Je suis submergée d’un élan de bien-être.  Et c’est comme ça toute la journée.  Wow. Arriver dans un endroit paisible (malgré que la population de Tokyo soit de 38 millions d’habitants), après ce marathon de fous, est en quelque sorte dépaysant, dans le bon sens.  Et en même temps, savoir qu’un peuple ne jette pas ses bouts de papier par terre, sans trace, ça me fait sentir profondément à l’aise, chez-moi :-)

 

Le plus gros défi, la communication.  Mais avec les traducteurs en ligne, Chat GPT (que mon chum appelle affectueusement ‘’le félin flatulent’’), et google maps sur nos cellulaires, c’est devenu tellement facile de voyager!  On se sent pas mal vieux quand on raconte à Delphine nos trucs de voyage d’antan.  Comme celui de soigneusement cacher sa carte routière dans un livre de lecture, pour ne pas avoir l’air trop touriste, ou avoir son sifflet au bout d’un collier, bien caché entre les deux seins…. Bref, Delphine me trouve pas mal arriérée parfois haha.  Bon.  Il faut dire aussi que le sifflet et la carte cachée, ici, ça n’aurait pas été nécessaire ici, ni il y a 30 ans, ni aujourd’hui.  Un climat de sécurité assez fascinant règle ici au Japon, j’avoue ne jamais avoir ressenti cela à nulle part ailleurs. 

 

La religion Shinto semble fascinante, sans fondateur ni dogme, totalement alignée et axée sur la nature, ses forces et la seule et unique chose qui doive  guider l’humain.  Je capote, voir vivre les gens autour de cette philosophie, et remarquer que cela teinte réellement leurs habitudes, leurs choix, et la façon dont ils prennent soin des uns et des autres est pour moi d’un grand réconfort, et, en même temps, source de déstabilisation totale.  Après ce qu’on vit notamment avec notre histoire de justice, toute cette malice et cette absence d’intégrité, ce monde de mensonges et de déresponsabilisation, je tombe des nues. 

 

Tranche de vie pas très éloquente ici…Le décalage, les hormones, la fatigue émotive, la charge mentale, ah oui et j’oublie!!!  Pas juste ça!!!  Le deuil de mes yeux.  Wow.  Ça fait un bout que je trouve cela difficile d’accepter que mes yeux ne sont plus 20/20 comme ils ont toujours été.  Je suis presbyte, et je suis vraiment en deuil de mes fantasmagoriques yeux d’antan.  Regarder devant, au loin, ensuite revenir à mon google maps, refaire un zoom out, zoom in, zoom out……… batinsse, je ne vois plus rien de proche!!!!  Mettre mes lunettes sur ma tête, les voir tomber par terre, les remettre aux yeux, ne plus rien voir de loin, les réenlever, essayer la maudite corde à lunettes, m’entremêler entre la corde, la ganse de mon sac à main, mon foulard, l’armature du sac à dos………. ARRRRHHHGGGGGGGGG, quel cocktail parfait pour le perdre!!!  Face au deuil de mes yeux, je décide de profiter du service hyper rapide des optométristes japonais et me faire faire des lunettes, en me disant que ça allait m’aider d’avoir des lunettes adaptées parfaitement à ma condition.  En ½ heure, j’avais mon examen gratuit en poche et des nouvelles lunettes.  Malheureusement, je voyais encore plus mal.  En exprimant que je voyais mal de proche, il a préparé des lunettes de lecture.  Mais, avec des lunettes de lecture, tu ne peux même plus lire à l’ordinateur, ni les détails aux coins des rues….!  Pire qu’avant… vive la barrière des langues...  Heureusement, ce service n’était pas qu’hyper rapide, mais totalement garanti, j’ai pu faire mettre des lentilles moins fortes, et constater pouvoir fonctionner…. comme avant.  Tellement néophyte dans l’art de porter des lunettes, bref, tout un défi, ces nouveaux yeux incapables de bien focusser. Mais tout cela dans un environnement qui fait du bien, du moins, aux apparences, du gros silence et de la grosse paix.  Je me rappelle d’autres voyages, où l’arrivée dans un pays et sa barrière linguistique était mixée avec la non-potabilité de l’eau, la violence, la non-sécurité, les vols potentiels, le bruit (ahhhhh le bruit, je suis devenue hypersensible au bruit je crois!!!), la puanteur, la difficulté à trouver de l’argent, bref……. Commencer au Japon, bravo Mathieu.  Quelle bonne idée.  Surtout avec une petite poulette qui a plein d’énergie et qui a du mal à se contenir haha!!

 

Évidemment que je me plairai à écrire de façon plus concise et touristico-culturello-informative au cours des prochains mois….  Mais cette fois, en guise de première, j’avais le goût de parler de l’humaine, celle qui arrive enfin à l’objectif familial donné, celui de vivre, ensemble, un moment inoubliable, en se permettant le dépaysement et l’émerveillement.  Une petite préface tout en vérité, en humour, et en amour, question de m’aider à décrocher et faire la paix, aux prémices de ce voyage-transformation.  Regarder les dernières années avec le sentiment du passé, et l’espoir du renouveau, une respiration à la fois.

 

Sinon, je ne peux pas ne pas vous parler des toilettes. Non mais sérieusement, je sais que c’est vraiment cliché, les toilettes et le Japon.  Elles sont tout simplement incroyables.  JE VEUX UNE TOILETTE JAPONAISE DANS MA MAISON -this is a serious statement-.  Entre le siège chauffant, qui se place tout seul quand tu arrives, entre la toilette intelligente qui comprend si tu es debout ou encore assise et qui permet de ne toucher qu’à ton toi-même, et finalement, médaille d’or décernée par Delphine,  le bidet qui te lave les foufounes avec de l’eau chaude…. Miss D a même réussi à se faire du bidet dans le train (yark, me semble), juste pour le trip d’utiliser le bidet d’eau chaude….

 

Le Japon. Je me demande, dans tout ce calme et silence exprimé, où est l’expression de la colère, où est la visite des limites, où est le vice…. Je sais que le taux de suicide est assez élevé ici, c’est certain que ça désenchante d’apprendre ça. Suis en réflexion et surtout en observation, en quête de compréhension.  Ce que leurs corps disent, les messages unifiés entre les structures, les paradoxes…. Je sais, on sort pas l’ostéopathe de la fille, ni dans l’espace, ni dans le temps. À la différence qu’enfin, à 50 ans, je me permets plus de temps pour moi, pour m’auto-observer, m’auto-traiter (j’en ai fait un doctorat honorifique nocturne dans les dernières années, et j’en suis fière).  À la différence que cette fois, dans les prochains mois, je me garde l’énergie mise à honorer la vie dans le corps des autres humains pour le faire pour et à moi, mais pas de nuit, alors que je devrais dormir.  Youpie!! Du temps pour moi.  Qui sera, j’en suis certaine, très instructif et révélateur. On n’est pas thérapeute pour rien… souvent bien difficile de se regarder soi, les thérapeutes, sans s’occuper des autres… J’accueille ça, merci la vie.   Faire autrement, apprendre sur soi, autrement.  D’ailleurs, pas bien bien le choix, dans le concret quotidien, ici, de faire autrement :  la circulation routière sur l’axe gauche, juste ça, ça te fait faire un ‘’reset’’ immédiat, gage de survie! J’écoutais, il y a de cela un bon bout, un reel du populaire Guillaume Dulude, docteur en neuropsychologie,  qui disait que pour reposer le cerveau, dans les cas de ‘’burn out’’ notamment, il ne suffisait pas de se reposer.  Au contraire même,  la meilleure façon de guérir et permettre au cerveau de se retrouver neurologiquement dans un état stable et sain était de lui faire faire autre chose.  Tout cela afin d’obliger la visite de chemins neurologiques peu fréquentés, ce qui reprogramme et reconfigure le cerveau et  change les commandes hormonales (souvent en les rendant plus efficaces et sensibles).  Faire autre chose, faire autrement.  C’est ce qui m’est venu en tête dès qu’on a été mis devant le fait qu’on devait, et ce, rapidement, marcher à gauche sur les trottoirs, rouler en vélo à gauche, et surtout, surtout, déambuler sur le bord des rues en sachant que la voiture que tu t’attends à voir arriver devant toi, elle arrivera de derrière.  Inverser les réflexes, comme c’est amusant.  Le fameux ‘’gauche droite gauche’’ est maintenant pour nous, pour les prochaines semaines, le ‘’droite gauche droite’’.  J’adore.  J’en profite pour tenter d’inverser d’autres schémas que mon corps fait, toujours de la même façon.  J’observe mes asymétries posturales et mes réponses automatiques, je ris avec elle, et je leur propose de s’inverser.  Du gros bonheur, certains diront que j’en fume du bon, haha!  Saviez-vous qu’on entre dans les autobus par l’arrière ici?  Et qu’on sort par devant?  Et tout cela, bien sûr, du côté gauche de l’autobus?  Bref, l’heureux mélange du phénomène de l’axe gauche, en plus de la langue qui ne nous offre aucun mais aucun repère pour les peuples latins, obligeant la quête des signes et des intonations,  miam.  Du gros fun de cerveau.  Ça fait du bien, comme on dit en bon Québécois, ça change le mal de place.

Je continue ma cure de cerveau, je vous en redonne des nouvelles.

 

On revisitera Tokyo à la fin de notre périple au Japon, fin novembre.  En attendant, que de péripéties, on a eu beaucoup de plaisir dans la région de Shibu Onsen, où on a pu faire une belle rando dans le parc national, où on a essayé aussi de voir des macaques (qui avaient trop chaud pour descendre se réchauffer dans l’eau chaude des sources thermales), et où on a eu le plaisir de faire nos macaques frileux dans les 9 onsens du village, ornés d’un yukata et de sandales geta aux pieds.  Avec pour seule musique, l’eau qui coule de la montagne, eau minérale et extrêmement chaude.  Dépaysement total.  Delphine vous a préparé quelques vidéos pour l’occasion.  Beaucoup de plaisir aussi dans la région de Matsumoto, où Delphine nous a enseigné tout sur son château.  Mathieu a aussi renoué avec ses amours d’aikido.   Miam. Quel moment mémorable, celui de voir Miss D et Mathieu faire un entraînement avec un sensei, dans la campagne de Matsumoto.  Tout le savoir de sa ceinture noire exprimé dans ce dojo sans temps ni espace, un délice de moment.  Aussi, journée de piscine intérieure pour faire passer la pluie, mais, comme vous l’aurez deviné, pas une piscine normale, une super piscine japonaise avec des vagues, et un grand tour avec courant pour s’entraîner.  Et tout cela, dans une eau propre limpide et qui ne sentait presque pas le chlore, et, ….. tiède!!!!!  Du gros re-miam.  Sans oublier notre balade dans un village, à vélo, aux pieds des montagnes, où nous avons pu visiter une ferme de wasabi, au creux des rivières froides montagneuses.  Et comprendre que le wasabi qu’on mange, hors-Japon, c’est malheureusement probablement pas du wasabi.  Trop cher et rare.  Le vrai, c’est tellement plus doux et agréable en bouche.  On a même mangé de la crème glacée au wasabi, un délice!  Et ce fut suivi de Magome, à quelques heures de train de Matsumoto, pour une expérience en ryokan (auberge traditionnelle) extraordinaire, une photo vaut mille mots, regardez ce qui nous a été servi pour le souper….

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Avec, en prime, une chambre dont les murs sont en papier, littéralement.  Un genre de papyrus.  Chuchoter est la norme, et encore.  Ahhhhh que ça fait du bien….! Et encore plus extraordinaire, la nature de cette région, dans ses montagnes et extrêmes beautés créées par le mariage de cette nature et des humains qui l’enjolivent constamment, jour après jour.  Le sentier Nakasendo, cette route à travers les montagnes…. Quelle chance de pouvoir marcher un bout de celle-ci, un beau 12 km, sourire aux lèvres et gambade dans les jambes. 

 

Ce soir, notre 2e soirée à Takayama, une ville d’un peu plus de 85 000 habitants, nichée entre les montagnes.  Delphine a pu rester tranquillement dans l’appartement loué (et très sécuritaire) à manger sa pizza ‘’version japonaise’’ pendant que moi et Mathieu sommes allés célébrer, le temps d’une soupe ramen chez le voisin d’en face (meilleure ramen au Japon pour nous ce soir, mémorable!!), notre accomplissement quant à notre histoire de maison et nos devoirs à remettre à notre avocat.  Ça va bien dormir, et Delphine va enfin pouvoir avoir des parents-profs un peu plus disponibles.  Au fait, Martine (prof de Delphine à notre chère école), imagine-toi donc que Delphine, qui m’appelait Martinette (et Martino pour Mathieu), m’appelle maintenant Martigosaimasu (le u qui ne se prononce pas).  Parce que tout se termine ici pas ‘’aïsimas….. ‘’;). C’est d’ailleurs ce qu’elle est en train d’expliquer à son super prof d’anglais, Christopher, en videoconférence, que nous avons le plaisir de côtoyer depuis quelques mois, merci ma belle-sœur Suzanne xxx.

 

Je termine  en donnant la médaille d’or, en ce 2 semaines de voyage, au calme sonore.  Au respect de ce qui est, sans imposer sa présence ou sa force.  Là où l’espace rencontre le temps.  J’en avais besoin, pour guérir, mais aussi pour commencer à saisir quelque chose d’extraordinaire que je ne peux encore mettre en mots.  Que je dois vivre encore. 

 

Dōmo arigatō gozaimashita,

Mata ne,

 

Lucie

 
 
 

12 commentaires


Marie-Pierre
il y a 5 jours

C’est tellement beau de te lire Lulu! Quelles belles prises de consciences et réflexions 😍 En ce qui concerne l’autobus, je me suis dit aussi quand j’y étais que c’est fou comme c’est différent. Au Canada, on paye en entrant et au Japon on paye en sortant, parce qu’il y a cette confiance que les gens ne vont pas prendre avantage…. C’est tellement plus doux comme façon de voir les choses. Bizoux!

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Danièle
07 nov.

Quel récit d’un voyage intérieur autant qu’extérieur. Merci ma belle amie de ce partage.

🥰

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Martine
05 nov.

Je voyage par procuration en enlevant et reposant mes lunettes sur le bout de mon nez moi aussi. Merci.

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Bernice
04 nov.

Je salue la joke de papa de Mathieu, félin flatulent, on n'en attendait pas moins de sa part !

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Stéphane
04 nov.

Merci Lucie de livrer tes états d'âme. J'adore et je retrouve une Lucie en pleine mutation. Oui le silence...à apprivoiser mais aussi à chérir. Je vous envoie pleins de câlins. 🥰

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